Madagascar : Face aux pénuries de sang, les centres de transfusion intensifient leurs appels aux dons
La pénurie de sang dans les hôpitaux, constitue un réel souci pour de nombreux pays africains/ OMS À Madagascar, la situation des transfusions sanguines est préoccupante. Les six centres régionaux de transfusion sanguine, ainsi que les quelque 90 points de collecte disséminés à travers l'île, lancent régulièrement des appels d'urgence pour inciter la population à donner du sang, en particulier pour les groupes sanguins rhésus négatifs. Les besoins en sang dépassent souvent les réserves disponibles dans les établissements hospitaliers, ce qui entraîne des situations critiques. Pour pallier cette insuffisance, certains hôpitaux ont mis en place une stratégie : conditionner les opérations programmées à un don de sang effectué par un proche du patient à opérer. Nirina, 52 ans, sort du Centre régional de transfusion sanguine, un pansement à la pliure de l’avant-bras. Vendeuse de rue, elle se rend ici trois fois par an depuis plus de dix ans. Le week-end dernier, elle a vu sur Facebook un appel urgent du CHU Joseph RavoahangyAndrianavalona. Profitant de son unique jour de congé hebdomadaire, elle a décidé de faire don de trois poches de sang. « À Madagascar, les besoins sont immenses et le nombre de donneurs reste faible. Des vies sont perdues à cause de cela. J’ai une amie qui a perdu beaucoup de sang en accouchant à Tana. Le temps de trouver des poches de sang pour elle, il était déjà trop tard, elle est décédée. Je me dis que je peux facilement aider à sauver des vies, et c’est ce qui me motive à venir », confie Nirina. Son sang pourra être conservé jusqu’à un mois dans les réfrigérateurs du centre de transfusion, en attendant d’être utilisé pour un patient dans le besoin. Les hôpitaux et la stratégie des dons familiaux Juste derrière elle, Tania, 19 ans, s’éloigne de l’hôpital, le bras enroulé autour de celui d’une amie. Elle vient de donner son sang pour la première fois, et la fierté ainsi qu’un soulagement se lisent sur son visage. « Ma tante doit subir une opération demain, et le médecin a précisé qu’un membre de la famille devait d’abord donner du sang pour qu’elle puisse en recevoir. C’est pour cela que je suis ici aujourd’hui. C’est obligatoire, sinon l’opération de ma tante sera reportée », explique-t-elle. Cette approche préopératoire, combinée aux appels réguliers aux dons de sang, permet de maintenir un équilibre dans les stocks de sang. Cependant, un défi majeur demeure : la constitution de réserves en rhésus négatif, en particulier pour le groupe sanguin O-. « Moins d’un donneur sur 9 000 possède ce groupe sanguin », précise le centre de transfusion d’Antananarivo.Une rareté génétique Cette problématique s’explique par la faible prévalence du rhésus négatif dans le patrimoine génétique de la population malgache. Pour remédier à cette rareté, les autorités sanitaires ont mis en place un registre recensant les donneurs O-, qui sont en grande partie des étrangers. Ces donneurs sont sollicités en cas d’urgence pour collecter ce précieux sang. Face à ces défis, les centres de transfusion sanguine de Madagascar continuent de sensibiliser la population à l'importance des dons de sang, en espérant que davantage de Malgaches comprendront l'impact vital de leur contribution. Chaque don peut faire la différence entre la vie et la mort pour ceux qui en ont besoin. Thom Biakpa (Avec priorité Santé RFI)
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