Épidémie de choléra au Soudan : Un appel à la vérité face à une catastrophe humanitaire

Un enfant pris en charge par les équipes MSF dans le centre de traitement du choléra de Kassala au Soudan/ MSF Le Soudan, en proie à un conflit armé entre l’armée et les paramilitaires depuis le 15 avril 2023, fait face à une épidémie de choléra alarmante. Alors que les autorités de Khartoum, la capitale, annoncent une prétendue diminution des décès et des cas, l’organisation Sudan’sDoctors for Human Rights dénonce une dissimulation de l’ampleur réelle de cette crise sanitaire. Le 1er juin 2025, le ministère de la Santé de l'État de Khartoum a déclaré une baisse des décès liés au choléra, coïncidant avec le lancement d'une campagne de vaccination. Cependant, la situation sur le terrain est bien plus préoccupante. Au cours de la semaine dernière, plus de 2 700 cas ont été signalés à Khartoum, entraînant la mort de 172 personnes. Dans un contexte où la guerre a ravagé la majorité des hôpitaux de la capitale, les conditions de vie se détériorent rapidement. Raina Suleiman, représentante de l’Association des docteurs soudanais pour les droits humains, alerte sur la gravité de la situation : « 60 % des hôpitaux de Khartoum sont hors service. Nous manquons cruellement de médecins, d’électricité et d’eau potable. Le plus alarmant, c’est l’absence de sérums pour réhydrater les patients. L’aide humanitaire, qui a été envoyée par la communauté internationale, a été pillée à Port-Soudan, et ces sérums se retrouvent maintenant à des prix exorbitants sur le marché noir, inaccessibles pour la majorité des gens. » Raina Suleiman souligne également l'importance de l'eau potable dans la lutte contre le choléra : « En période d’épidémie, il est crucial d’avoir accès à de l’eau pour boire et pour l’hygiène. Il est également nécessaire d’avoir une stratégie pour isoler les malades et freiner la propagation du virus. Malheureusement, rien de tout cela n’est en place. Les patients se présentent dans les rares centres de santé restants accompagnés de leur famille et de leurs voisins, ce qui entraîne une contamination généralisée. » Elle conclut avec un appel urgent : « Le gouvernement semble vouloir minimiser l’ampleur de cette catastrophe, mais nous leur disons : 'Arrêtez les combats, mettez fin à cette guerre !' » La guerre au Soudan, opposant l’armée du général Abdel Fattah al-Burhan aux Forces de soutien rapide (FSR) de son ancien allié, le général Mohamed Hamdane Dogolo, dit « Hemedti », a causé des dizaines de milliers de morts, déplacé 13 millions de personnes et engendré ce que l’ONU qualifie de « pire crise humanitaire » actuelle dans le monde. Thom Biakpa
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