Le paludisme au Sahel : les ados, nouveaux maillon caché de la transmission Le paludisme au Sahel : les ados, nouveaux maillon caché de la transmission 

Longtemps considéré comme une maladie touchant principalement les jeunes enfants et les femmes enceintes, le paludisme révèle aujourd’hui une nouvelle réalité dans la région du Sahel : les adolescents jouent un rôle beaucoup plus important que prévu dans la transmission. Plusieurs études récentes menées au Burkina Faso, au Mali ou encore au Niger montrent que cette tranche d’âge, souvent négligée dans les programmes de prévention, constitue désormais un réservoir silencieux du parasite. Dans de nombreuses communautés sahéliennes, les adolescents sont exposés à des conditions qui favorisent la piqûre du moustique. Ils passent plus de temps à l’extérieur, tard le soir, pour les activités sociales, sportives ou scolaires. Beaucoup dorment sans moustiquaire, par négligence ou par inconfort, surtout lorsque les températures nocturnes sont élevées. Ce manque de protection augmente leur risque d’être infectés… mais aussi de transmettre le parasite sans le savoir. Contrairement aux jeunes enfants, les adolescents développent souvent des infections asymptomatiques : ils ne tombent pas malades mais portent le parasite dans le sang, permettant au moustique de continuer le cycle de transmission. Cette situation soulève un défi majeur pour les campagnes de santé publique. Les programmes de lutte contre le paludisme sont traditionnellement orientés vers la petite enfance, considérée comme la population la plus vulnérable. Pourtant, dans plusieurs villages du Sahel, les agents de santé constatent que les adolescents représentent aujourd’hui une proportion importante des personnes testées positives lors des dépistages communautaires. Leur rôle actif dans la transmission impose donc un changement de stratégie. Pour les experts, la clé réside dans l’éducation, la prévention ciblée et l’accès aux outils de protection adaptés. Les écoles, les collèges et les centres communautaires devraient devenir des espaces prioritaires pour la sensibilisation. Expliquer aux jeunes les risques réels du paludisme, leur apprendre à utiliser la moustiquaire et leur donner accès à des moyens simples de prévention pourrait réduire fortement la circulation du parasite. Certains pays envisagent également d’étendre aux adolescents les campagnes de chimio-prévention saisonnière, jusque-là réservées aux plus petits. Mais au-delà des mesures techniques, cette nouvelle dynamique rappelle l’importance d’intégrer les adolescents dans les politiques de santé. Ils ne sont plus seulement des bénéficiaires passifs : ils sont un maillon essentiel de la réponse. En les impliquant davantage, en leur donnant les outils pour se protéger et protéger leur communauté, le Sahel pourrait franchir une étape décisive dans la réduction durable du paludisme. Alors que les conditions climatiques, les déplacements de population et la résistance des moustiques compliquent déjà la lutte contre la maladie, négliger ce groupe d’âge reviendrait à laisser une brèche ouverte. Reconnaître le rôle central des adolescents, c’est renforcer une stratégie plus complète, plus réaliste et surtout plus efficace pour enfin réduire le poids du paludisme dans la région.

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